Localité, causalité, déterminisme

Je ne crois pas trop m'avancer en disant que les expériences d'Aspect infirment l'hypothèse déterministe. Dans mon post sur les inégalités de Bell, l'argument délicat est le suivant : Les particules donnent toujours des résultat opposés, donc elles ne peuvent pas avoir décidé du résultat au moment de la mesure, car alors elles n'auront pas eu le temps de communiquer et on n'observerait pas cette corrélation. Je pense que cet argument repose sur le trio localité/causalité/ vitesse_finie_des_interactions. On n'a pas fait l'hypothèse du déterminisme. On dit que les particules ont choisi avant la mesure mais on ne précise pas si elles ont fait ce choix au hasard ou de façon déterministe.

Cependant, si on fait l'hypothèse du déterminisme, on arrive à la même conclusion. Les particules ont décidé du résultat de la mesure avant que celle-ci n'ait eu lieu tout simplement parce que dans un monde déterministe TOUT a été décidé à l'instant initial. Donc on arrive aux inégalités de Bell sans même avoir supposé la localité ou la vitesse de propagation finie des interactions.

Pour ce qui est de la causalité, j'avoue que je n'ai pas très bien compris cette notion. On dit en général que la cause précède l'effet. Dans un cadre déterministe, l'information sur le futur est contenue dans le passé. Si on considère alors que l'état initial du système est la cause de tout, alors cette cause précède forcément tout effet. Cependant, souvent on a affaire à des équations réversibles. Alors on peut aussi dire que l'état final contient toute l'information sur le passé. Ne peut-on pas dire que l'état final est la cause de tout?

Petit délire hors sujet : Ça me rappelle une sombre histoire de potentiels retardés et avancés en électromagnétisme. Je crois qu'on résolvait le problème en introduisant une hypothèse ad-hoc qui dissymétrise le temps : l'infiniment loin ne rayonne pas d'énergie sur le système étudié alors que ce système ne se gène pas pour rayonner vers l'infini. Dans le monde réel l'infini rayonne (4 K) mais les ondes qu'il nous envoie ne vont jamais avoir la cohérence nécessaire pour accélérer un électron et faire du rayonnement de freinage à l'envers... On rejoint alors un problème d'entropie : un électron qui rayonne émet un rayonnement cohérent mais ne reçoit de l'infini que du bruit. Alors ce serait une hypothèse de nature thermodynamique qui justifierait l'utilisation des potentiels retardés, tout simplement parce qu'on peut ne pas tenir compte du rayonnement reçu mais il faut toujours compter le rayonnement émis.

Je m'égare dans des délires thermo... revenons à la méca-Q et au postulat de la mesure. Il me semble que les opérateurs d'évolution sont toujours linéaires dans l'espaces des états. Alors aucune condensation d'un paquet d'ondes ne peut être décrite comme une évolution quantique. Ce postulat est vraiment rajouté de toutes pièces pour qu'on puisse parler de mesure. Les paradoxes liés à ce postulat (chat de Schrödinger) ne semblent pas prêts d'être résolus. Il existe une interprétation qui fait jouer un rôle particulier à la conscience, mais, étant profondément matérialiste, cela ne me convient pas. Une autre interprétation refuse de condenser les paquets d'ondes et dit que toutes les éventualités se réalisent dans des univers parallèles. Je trouve que c'est assez joli mais il ne faudrait pas qu'Occam (ça s' écrit comme ça ?) se pointe avec son gros rasoir :-).

J'ai jeté un vague coup d'oeil au projet bibliographique de JM. Il me semble très instructif à ce sujet, mais je n'ai pas fini de tout comprendre.

Pour ce qui est de la constance dans le temps des constantes physiques, essayez d'imaginer qu'un beau matin h devienne macroscopique. Ce serait vraiment fun, vous ne croyez pas ? Il n'y aurait pas besoin de clés pour traverser les portes, on pourrait peut-être assister à deux rendez-vous galants à la fois...

Bonne nuit. Essayez de ne pas traverser votre lit par effet tunnel.


Edgar Bonet <webmaster@edg...>.
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